https://www.journaldemontreal.com/2024/03/02/arretez-de-mourir
C’est un vieux chum depuis de 40 ans qui vous le jure. Un Paul Houde, il n’y en aura eu qu’un seul. Un volcan d’intelligence, de talent, d’amour de la vie, du métier. Un humoriste qui n’avait pas besoin de texte, qui créait en clignant des yeux. Il adorait jouer, se moquer, interpréter et, surtout, faire rire. D’autres fois, il se prenait au sérieux et ça marchait. Il était foncièrement brillant et il aimait l’afficher, le démontrer.
En voulez-vous une bonne ? Paul Houde, qui a été Fern dans les Boys, n’a jamais été gardien de but. Il a fait croire à l’équipe du producteur Richard Goudreau qu’il avait une certaine expérience dans les filets. C’était faux. Il s’est entraîné en cachette, il a vite appris sur le tas en louant des heures à l’aréna sans que personne ne le sache. Il voulait le rôle, il voulait jouer dans les Boys et il a gagné son pari. Souvent sa doublure était nulle autre que Kim St-Pierre, la championne olympique.
Il lisait, emmagasinait et fouillait toujours. Ses neurones s’accrochaient à tout. L’astronomie, la lutte, les Blackhawks de Chicago, la politique, l’athlétisme, l’histoire et mettez-en. Francine, sa femme, pourrait raconter comment il était étourdissant, jamais en mode repos. Dans les dernières années, il aurait du partir en VR et se la couler douce mais non. Il est parti conquérir les États-Unis et il est revenu avec tant de documents vidéo qu’il en a fait des émissions de télé.
Pendant plusieurs années, à la radio, nous avons été des compétiteurs. Enfin, c’étaient plus nos stations qui se battaient les autres contre les autres. Paul et moi, nous adorions faire des numéros improvisés ensemble et il avait le don de sortir des imitations que personne d’autre ne possédait. Claude Raymond était plus vrai que le vrai. Son Ti-Guy Émond n’a jamais été égalé. Il était le seul à imiter Guy Lafleur, Jacques Lemaire et il réussissait Ménick sans jamais avoir été se faire couper les cheveux une seule fois chez le Figaro de la rue Masson.
Paul perfectionnait plus que la voix que sa victime. Il entrait dans son caractère et il en faisait très vite et habilement une caricature.