PeerTube : le YouTube du libre ?

La plateforme de vidéo PeerTube est récemment passée en version 3. Cette alternative à YouTube, décentralisée, ajoute désormais la prise en charge de la diffusion directe.
À l'instar du réseau social Mastodon, qui propose une alternative libre à Twitter, PeerTube repose sur la décentralisation pour offrir une plateforme alternative à YouTube. Dans sa version 3, financée par des dons, PeerTube vous permet de diffuser des live.

PeerTube : l'alternative libre et décentralisée à YouTube

PeerTube n'est pas un logiciel ni véritablement un service Web, c'est plutôt une application serveur. D'emblée, elle ne cible donc pas le commun des mortels mais les administrateurs d'un serveur. Ces derniers sont en mesure d'installer la solution et de proposer une instance à leur communauté d'utilisateurs.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, 653 instances de PeerTube auraient été installées. Toutefois, il ne s'agit pas de créer plusieurs mini alternatives à YouTube isolées les unes des autres mais bien de fédérer des espaces de stockage permettant aux internautes d'héberger leurs vidéos.

Pour ce faire, PeerTube repose sur un moteur de recherche global baptisé Sepia Search. Pour un mot-clé donné, le service renvoie tous les résultats en fédérant l'ensemble des instances. Pour une requête spécifique il est même possible d'appliquer un tri selon la fraicheur de la mise en ligne, la durée des vidéos ou encore en filtrant les contenus jugés sensibles. La prise en main est donc très similaire à celle de YouTube.

Nouvelle mouture pour le logiciel permettant de construire des instances fédérées pour la lecture de vidéos en P2P, sur un modèle très proche de Mastodon.

PeerTube v3 déploie son moteur de recherche et la diffusion en direct P2P

Principale amélioration, des capacités de transcodage revues à la hausse. Chaque instance peut ainsi avoir ses propres profils de transcodage désormais via l’installation de plugins. On pourra par exemple favoriser le direct ou, dans le cas d’une instance consacrée à la musique, la qualité audio.

PeerTube 3.1 modifie également les priorités de transcodage, selon qui envoie de nouvelles vidéos sur le serveur. Une seule personne ne peut ainsi plus bloquer la mise en ligne des autres contenus en arrivant avec une longue liste de vidéos. Cette chute de priorité survient quand un grand nombre de contenus sont publiés sur une période de sept jours. 

En outre, l’interface indique le statut de transcodage pour chaque contenu. Enfin – et certains diront même « surtout » – on peut changer le nombre de vidéos à transcoder en simultané. Un réglage crucial selon les ressources disponibles sur le serveur.

Côté interface, la catégorie « Les plus appréciées » disparaît du menu du gauche, au profit de trois nouvelles étiquettes en haut de l’écran quand on se trouve dans Tendances : « Hot », Vues et « Likes », qui affichent respectivement les vidéos ayant le plus d’interactions, les plus vues sur les dernières 24 heures et les plus appréciées.

Après avoir introduit la diffusion en direct sur son service en janvier dernier, PeerTube passe en version 3.4. Avec cette mise à jour, l’alternative gratuite à YouTube ajoute une panoplie de nouvelles fonctionnalités.
Au programme : de nouveaux filtres, des abonnements en tant qu’instance et une amélioration du lecteur vidéo.
Lire aussi :
PeerTube, le YouTube décentralisé se met aux diffusions live dans sa version 3

Nouveautés de la version 3.4 de PeerTube

Depuis la version 3.2, il était possible de trier l’affichage des vidéos en fonction de plusieurs critères (date de publication, les plus vues, les plus appréciées, etc.). Avec cette nouvelle mise à jour, PeerTube enrichit son système de filtrage de plusieurs critères : langue de la vidéo, sensibilité du contenu, portée (locale ou fédérée en fonction des chaînes suivies), type de vidéos (direct, VOD ou les deux) et catégorie thématique. Dans la même idée, Framasoft a ajouté la possibilité de filtrer les vidéos en limitant sa recherche aux publications d'une instance précise.

Le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD, ou EDPS en anglais) a annoncé il y a quelques jour lancer la phase pilote de deux plateformes de réseaux sociaux, EU Voice et EU Video, installées sur Mastodon et PeerTube, alternatives libres et décentralisées à Twitter et YouTube. Un lancement préparé de longue date et donc avant l’annonce du rachat de Twitter par Elon Musk et ce qu’on peut craindre de sa vision du réseau social (open bar pour les infox et propos haineux au nom d’une vision de la liberté d’expression sans limite - enfin, à l’exception des syndicats et des critiques de Musk…), mais qui tombe aujourd’hui d’autant mieux.

"Favoriser l'indépendance de l'Europe"

«Les institutions, organes, offices et agences de l'Union européenne participant à la phase pilote de ces plateformes pourront interagir avec le public en partageant des textes courts, des images et des vidéos sur EU Voice; et en partageant, téléchargeant et commentant des vidéos et des podcasts sur EU Video», indique le CEPD.
En lançant cette phase pilote, le CEPD «vise à contribuer à la stratégie de l'Union européenne en matière de données et de souveraineté numérique afin de favoriser l'indépendance de l'Europe dans le monde numérique».
Wojciech Wiewiórowski, le contrôleur européen de la protection des données, explique ce choix:
«Avec le lancement pilote de EU Voice et EU Video, nous visons à proposer des plateformes de réseaux sociaux alternatives qui donnent la priorité aux individus et à leurs droits à la vie privée et à la protection des données. Concrètement, cela signifie, par exemple, que EU Voice et EU Video ne reposent pas sur des transferts de données personnelles vers des pays hors de l'Union européenne et de l'Espace économique européen; il n'y a pas de publicités sur les plateformes; et il n'y a pas de profilage des personnes susceptibles d'utiliser les plateformes. Ces mesures, entre autres, donnent aux individus le choix et le contrôle sur la manière dont leurs données personnelles sont utilisées.»

PeerTube est une alternative à YouTube gratuite et OpenSource à YouTube, tout comme Mastodon l’est pour Twitter. Tout comme son alter ego de microblogging, PeerTube fonctionne par instances, c'est-à-dire des groupes où les utilisateurs partagent les vidéos entre eux. Notez également que Mastodon et PeerTube appartiennent à la même fédération, c'est-à-dire que vous pouvez suivre PeerTube depuis Mastodon et inversement.
Chaque instance PeerTube est en fait un serveur d'hébergement. Chacun est modéré par son propre administrateur et propose des règles spécifiques. En cas de forte demande pour le visionnage d’une vidéo, PeerTube peut utiliser le système du pair à pair (ou Peer-to-peer) pour permettre à ses utilisateurs de visionner les vidéos qui les intéressent sans que le serveur en pâtisse à cause du trop grand nombre de connexions.
En ce qui concerne les contenus, bien que PeerTube ne soit pas aussi tentaculaire que YouTube, vous pouvez y trouver de nombreux contenus de qualité comme des films et long métrage animé Open Source (Big Buck Bunny pour ne pas le citer), mais aussi des documentaires, et de nombreuses autres vidéos. Vous pouvez suivre des chaînes thématiques qui vous permettront de regarder des séries de vidéos sur un thème commun comme la sensibilisation au numérique, aux voyages alternatifs, à la transition écologique, etc.
Chaque instance est en fait une chaîne qui propose de nombreuses vidéos selon un thème donné. Sous la miniature de la vidéo, vous pouvez voir l'utilisateur qui est à l’origine de sa mise en ligne. Cliquez dessus pour accéder à la liste de ses vidéos et aux chaînes sur lesquelles elles sont présentes.
Peertube est gratuit et ne propose aucune publicité. Le financement du projet est porté par l'association Framasoft, qui est une association française à but non lucratif destinée à promouvoir les logiciels libres. Pour aider au développement de PeerTube vous pouvez ainsi soutenir Framasoft.