«Je me suis même demandée si elle [Lise Payette] n’était pas sénile» Léa Clermont-Dion donne sa première entrevue depuis sa dénonciation publique
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Léa Clermont-Dion a accordé sa première entrevue depuis qu'elle a dénoncé sur sa page Facebook en octobre dernier avoir été agressée sexuellement en 2008 par l'écrivain, journaliste et personnalité du journal Le Devoir Michel Venne. Il est également directeur-fondateur de l'Institut du Nouveau Monde.
«Moi ça fait 10 ans que je vivais dans la honte, et j’ai décidé de cesser d’avoir honte et le jour ou j’ai fait ma déclaration je me suis sentit libéré» a dit l’auteure et animatrice au micro de Paul Arcand au 98,5 à Montréal. Sa dénonciation à l’automne 2017 a fait partit d'une vague énorme de dénonciations de comportements inappropriés, particulièrement dans le milieu artistique. Le SPVM avait d'ailleurs ouvert une ligne téléphonique spéciale pour répondre à la demande. Léa Clermont-Dion était loin de se douter qu'un tel mouvement allait prendre place au Québec à ce moment: «Je pense que c'est la preuve que les femmes n'ont pas confiance au système judiciaire. Pourquoi parler publiquement comme ça? C'est peut-être à cause des propos du juge Robin Camp qui demande aux présumées victimes pourquoi elles n'ont pas serré les genoux davantage. C'est toute une culture», a-t-elle dit en entrevue.
Parlant de son agresseur à Paul Arcand elle dira: «C’était mon idole de jeunesse, je l’admirais, je l’aimais. C’était quelqu’un que je respectais énormément, que ma famille respectait…et l’autre idole qui m’a profondément déçu c’était Lise Payette, vous savez, la première déclaration publique que j’ai fait à 14 ans au téléjournal, j’ai reçu un livre d’une femme et c’était celui de Lise Payette… c’était mes deux idoles» a dit celle qui en avait long à dire sur Payette qui lui conseillera de ne pas parler.
Lise Payette
La victime est revenue sur sa rencontre avec Lise Payette: «Je veux juste rectifier les faits monsieur Arcand parce que madame Payette a dit publiquement que j’étais allée la voir ce qui est complètement faux. Elle m’a appelé pour que j’aille la rencontrer. Je ne lui ai jamais demandé conseil. Comment ça s’est déroulé en fait, c’est que, elle m’a parlé pendant deux heures de temps de tout et de rien, de la vie, de la condition féminine, moi j’étais complètement admirative devant elle, elle m’a dit que j’étais sa petite fille, littéralement, qu’elle pouvait me faire confiance sur tout donc, vous imaginez c’était mon idole de jeunesse alors moi je suis complètement ébahie, puis après deux heures de discussion elle m’a dit; tu as fais du tord à mon ami, et là, tu pourrais être poursuivie, donc je t’invite fortement a signer une lettre. Elle m’encourageait finalement à nier la réalité…» a dit la jeune femme manifestement déçu: «Pour moi c’est tout à fait irrationnel de la part de Lise Payette, je me suis même demandé si elle n’était pas sénile, j’ai eu de la compassion pour elle avec du recule. Pourquoi elle a fait ça? C’est détruire son lègue, son oeuvre complètement, mais j’ai l'impression que c’est symptomatique d’une culture…pendant tellement d’années ou de siècles on a étouffé les agressions sexuelles…»
Pour terminer l’entretien, l’auteur et animatrice a dit qu’elle avait eu d’autres témoignages de femmes qui ont été des présumés victimes de Michel Venne mais qui ne désiraient pas parler: «parce qu'elles n‘étaient pas prêtes à le faire…»
Entendu sur les ondes du 98,5 FM à Montréal dans l'émission «Puisqu’il faut se lever» avec Paul Arcand le 19 décembre 2017 (COGECO).